Médias êtes-vous là ?

    Championnat invisible, la Pro A souffre d’une image peu valorisante. Le problème ? Un manque de relais dans l’espace médiatique. Car si les exploits de Tony Parker et des stars NBA sont bien visibles, ceux de Tremmell Darden (en course pour le titre de MVP de Pro A) et des basketteurs français, en général,  sont bien loin de soulever un enthousiasme aussi débordant.

Nouveauté de la rentrée, l’émission « Canal NBA », présenté par Vincent Radureau, enfonce un peu plus le clou. Notre bonne vieille Pro A placardisée ? « Elle ne touche quasiment personne en dehors des fans de basket […] Les émissions consacrées à la Pro A ? Les gens ne regardent pas. TPS Star en a fait une, Pathé Sport a essayé, nous aussi on en avait fait une il y a dix ans à peu près avec des moyens. Mais ce que ça coutait par rapport au nombre de gens qui regardait, ça n’intéressait pas assez de monde » explique David Cozette, le rédacteur en chef de Sport+, diffuseur exclusif de la Pro A. Pourtant la chaîne maximise au mieux son produit. Pendant la pré-saison, le calendrier de la saison régulière est établie en corrélation avec la LNB de telle façon à ce que chaque semaine, la chaine puisse proposer une affiche phare. Soit un derby, soit un match à « histoire » comme peut l’être un Gravelines Dunkerque-Nancy avec l’opposition des frères Monschau. Une collaboration dont les résultats d’audience sont assez surprenants comparativement à la NBA d’après les dires du journaliste. « La NBA sur Canal ça fait beaucoup moins de monde que le championnat de France sur Sport+. C’est bien de dire moi j’aime la NBA je connais la NBA mais ça passe la nuit de vendredi à samedi. Il y a très peu de gens qui regardent ça ». Mais ce marché très segmentée ne risque pas de connaître un développement exponentiel. 

La faute en premier lieu à un problème d’identification. « Les gens qui regardent la télé ils ont plus tendance à s’identifier à des gens du rugby qu’à des joueurs de basket. Parce que c’est des grands blacks de banlieue ou alors qui parlent anglais » selon l’avis du commentateur de Canal+. Sport jeune par excellence, le basket souffre ainsi d’un public versatile, hyper sollicité par la concurrence ou bien encore par son peu d’envie à rester regarder un match de Pro A sur une chaîne thématique payante quand les images gratuites de la NBA sont à disposition sur les sites de streaming. Et puis il faut dire ce qui est : le produit Pro A ne s’aide pas lui-même. Avec des résultats européens catastrophiques (pas de club français qualifié au Top 16 d’Euroligue), il lui est difficile d’acquérir une légitimité sportive a fortiori médiatique.  Alors que le potentiel serait là. Pour Michel Calero, assistant d’Alain Weisz à Hyères-Toulon, ce qu’il faut c’est « montrer la Pro A. Tous les week-ends, la Ligue pourrait sélectionner une dizaines d’actions de qualité et les promouvoir.  Ce n’est pas ça qui manque. Il faut juste montrer davantage le basket ».

Et pas seulement Tony Parker. Car aussi improbable que cela puisse être, le meneur des San Antonio Spurs, premier français à remporter le titre suprême en 2003, n’a jamais joué avec la France à Bercy ! Si l’on se réfère à l’exemple du handball, un sport collectif, hormis le football, n’existe que par une sélection visible et des joueurs identifiés. Un constat largement partagé par David Cozette : « ce qui manque en priorité, c’est avoir une équipe nationale visible qui fait des résultats. A la limite, l’équipe de France de basket, elle est condamnée, comme celle de handball, à gagner des titres régulièrement pour qu’ensuite ça incite les gens à aller dans les salles ». Ca tombe bien, Joakim Noah, fils de Yannick mais surtout pivot titulaire des Chicago Bulls, a annoncé qu’il serait bien présent pour disputer l’Euro 2011 en Lituanie, accessoirement qualificatif pour les JO. Une déclaration de bonne intention qui, si elle se vérifie, ne sauvera certainement pas le basket français mais contribuera certainement à lui donner un éclairage médiatique non-négligeable.